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L’évolution commerce de détail : du e-commerce à la digitalisation du point de vente.

L’Essentiel de la Chaussure, n°201, février 2019, supplément maroquinerie, pages 24, 25.

Les premiers pas e-commerce des chausseurs indépendants : les sites Internet.

Les nouvelles technologies ont révolutionné tous les aspects du commerce, que ce soit dans la manière de s’adresser aux clients, d’organiser son magasin ou bien de commercialiser son offre produits. Les premiers pas significatifs des commerçants furent accomplis il y a une dizaine d’années lorsque les webmasters de certaines agences commencèrent à concevoir les sites Internet vitrines, puis e-commerce des indépendants. Des technologies de plus en plus simplifiées comme Prestashop ont permis aux commerçants de se doter de sites relativement efficaces et donc d’un canal de distribution supplémentaire à l’instar de grandes enseignes. Mais l’outil site Internet trouva rapidement ses limites : le référencement. Comment exister en première page de Google ou tout du moins dans les trois premières ? Les agences de référencement ont commencé à prospérer, promettant monts et merveilles en misant un peu sur le référencement naturel (indispensable) et… beaucoup sur le référencement payant avec les AdWords de Google. Les commerçants se sont aperçus du coût financier important de la gestion d’un site e-commerce, de son aspect chronophage et de la remise en cause de la logistique de toute l’entreprise (transferts entre magasins, stocks gérés en temps réel sur Internet et en boutiques, gestion des promotions en ligne, recrutement d’un personnel dédié, etc.). Certes, aucun bail commercial, aucun coûteux pas de porte, mais une récurrence des coûts non négligeable qui nécessite une gestion attentionnée et quotidienne tout comme pour un point de vente physique. Créer, gérer, maintenir et développer un site e-commerce est une activité de longue haleine, qui soutenue correctement s’avère rentable mais ce n’est pas vraiment l’eldorado que les agences web laissaient miroiter à leurs clients commerçants, tout du moins en 2018 : d’autres canaux complémentaires et néanmoins indispensables ont fait leur apparition, certains se substituant même au site Internet.

La sophistication des sites e-commerce : le click and collect.

Parmi toutes les possibilités techniques qui étoffent les sites e-commerces comme celles liées à la livraison (Colissimo, Chronopost, Relais Colis, etc.) ou aux multiples kits de paiement bancaires, une fonctionnalité émerge particulièrement : le click and collect.

Pour contrer un certain phénomène de cannibalisation des ventes du magasin traditionnel par le magasin Internet, la première passerelle entre ces deux mondes apparait au début des années 2010 : le click and collect. L’objectif initial de cette fonctionnalité est de redynamiser la fréquentation et les ventes du magasin physique en apportant un service supplémentaire au client : payer sur Internet, retirer en magasin ou bien réserver sur Internet et payer en magasin  dans le cas du reserve and collect. Le client internaute retourne donc en point de vente et y est même susceptible d’actes d’achat complémentaires. Autre attrait, se différencier des sites e-commerce concurrents dépourvus de ce système et donc accroître l’attractivité de son enseigne digitale ET physique. Dans tous les cas, ce concept phygital agit comme une source de ventes additionnelles.

Les réseaux sociaux : la communication et la vente.

Facebook, Twitter, Instagram, Google +… pour les plus connus offrent la possibilité d’une représentation digitale mobile friendly. L’universalité de Facebook autorise une communication de grande ampleur et un contact moderne avec sa clientèle via Messenger, mais pas seulement… La mise en place d’une boutique Facebook est également possible facilement et rapidement pour vendre des produits ou une collection depuis sa page. Bien entendu, le réseau social propose des plans publicitaires ciblés en fonction des produits commercialisés et des connaissances engrangées dans son extraordinaire base de données, constituée rappelons-le des millions de membres du réseau qui alimentent eux-mêmes leurs profils notamment par les « likes » qu’ils émettent, les groupes auxquels ils adhèrent, les achats qu’ils réalisent et les évènements qu’ils suivent. Ce profilage pointu offre donc une base de prospection de qualité qui est bien entendu monnayée par Facebook auprès des détenteurs de boutiques.

e-commerce
Facebook, Twitter ou Instagram fédèrent des millions de membres

La grande promesse des marketplaces.

La plus récente et la plus prometteuse des solutions e-commerce en date est celle des marketplaces. Elles ont le vent en poupe et c’est la tendance du moment. Partant du principe qu’elles se substituent aux sites Internet, elles tendent à considérer inutiles les investissements financiers, humains et temporels déployés dans un site e-commerce classique. La promesse des marketplaces est simple : accéder à une base qualifiée de clients potentiels à plus ou moins grande échelle en se délestant de tous les investissements d’un site, moyennant une commission sur les ventes. Des chausseurs de plus en plus nombreux sont séduits par les généralistes Amazon et C-Discount par exemple, Farfetch pour le haut de gamme… Très prochainement, la plate-forme Arbell d’ANWR-Garant promet une spécialisation chaussures attendue par nombre de professionnels.

Que décider en 2018 ?

La combinaison gagnante d’une stratégie opérationnelle e-commerce serait-elle celle qui combinerait tous les éléments ? Probablement.

-Un site Internet pratique et complet, visuellement irréprochable et mis à jour, bien référencé et inscrit dans une stratégie phygitale grâce au click (ou reserve) and collect.

-Une présence efficace sur les réseaux sociaux pour communiquer et vendre, notamment sur Facebook.

-Un usage intelligent des marketplaces pour écouler des lignes de produits particulières et différenciées ; il serait vain d’essayer de vendre un modèle très répandu, des Stan Smith par exemple, en raison de la concurrence sur ce modèle. Toutefois, écouler des promos, des invendus, des modèles plus exclusifs est un choix judicieux et malin surtout dans le cas d’un assortiment original et très différencié (pointures extrêmes, marques de créateurs, modèles rares s’adressant à des niches de marché).

La digitalisation du point de vente : un magasin connecté à ses clients.

Enfin, il convient de ne pas omettre le métier originel, celui du point de vente qui même s’il est inévitablement bousculé et transformé par les nouveaux canaux numériques, n’opère de facto qu’une mue nécessaire : il est simplement l’objet d’une évolution de sa forme ; le magasin se digitalise par conséquent lui-aussi dans sa structure. Les tablettes vendeurs, voire celles mises à disposition de la clientèle, autorisent la consultation du stock et sont programmées pour suggérer des produits complémentaires tout comme sur un site Internet mais cette fois dans le magasin (c’est l’équivalent de l’annonce typique Amazon « les clients qui ont acheté cet article ont également acheté ces articles »). Ces outils sont dans le cas du client une aide à l’achat en faisant office de borne interactive capable de détailler des fiches signalétiques, des « plus » produits, les pointures disponibles, etc. tandis qu’elles servent de support vendeur au personnel du magasin. Le travail de réenchantement du point de vente doit donc coller aux réalités numériques contemporaines : la technologie n’est pas l’ennemi du commerçant mais son alliée, s’en détourner revient à se détourner d’une clientèle systématiquement connectée. L’omniprésence des smartphones dans le moindre sac à main est là pour rappeler au commerçant la réalité peu réjouissante du showrooming (pratique qui consiste à comparer les prix en rayon avec les prix en ligne) mais également la réalité plus positive de l’existence d’une clientèle ouverte aux sollicitations commerciales et donc à celle du magasin dans lequel elle se trouve : proposer une connexion wifi à ses clients et pratiquer des incitations commerciales auprès des clients présents à l’instant t sur la surface de vente via les réseaux sociaux, l’emailing, les sms, fait partie du best practice aujourd’hui. Contacter ses clients grâce à ces médias permet de s’adresser de façon adaptée à cette clientèle mobile et connectée.

Nicolas SALIN – Responsable Marketing VEGA-STIAC – www.vega-info.fr